TRADUCTION AUTOMATIQUE

LE PIC PETROLIER ET SES CONSEQUENCES

LA FRANCE ET L AFGHANISTAN

Sarkozy et Kouchner mentent sur l'Afghanistan Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer

Samedi je participais à la manifestation contre la guerre d’Afghanistan avec Marc Dolez député socialiste du nord. Mes amis de PRS ont formé une petite délégation groupée autour de leurs drapeaux. Au moment où je les rejoins, il fait beau et chaud si bien que la manifestation est aussi un moment où l’on peut lever le nez pour jauger les façades du Paris populaire. J’en ai besoin. L’ambiance stressante de la préparation du congrès socialiste m’a asphyxié.

Titre original : La guerre en questions?
http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=623#more-623

Chemin faisant, vers Barbés, je bavarde avec les représentants du Mouvement pour la paix. On convient de se revoir pour approfondir la conversation tout en prenant rendez vous pour les conférences de presse qui vont précéder le débat et le vote à l’assemblée et au Sénat cette semaine.
L’actualité sera sur ce sujet.
Les figures de la paix et de la guerre reviennent dans le débat public. Elles ne vont pas en sortir de si tôt. Dans ce registre plus que dans tout autre, l’examen soigneux des arguments, leur comparaison et leur vérification est un devoir de précaution constant pour qui veut agir en connaissance de cause. Car très traditionnellement, la guerre nécessite une consommation considérable de mensonges et de zone de silence pour son entretien. Leur mise à nu fourni souvent un éclairage précieux vers la vérité. De cette violence crue du mensonge asséné avec l’aplomb tranquille de l’évidence, nul meilleur exemple que la volte face du président de la République sans autre argumentation que la force de l’affirmation.
Le 26 avril 2007, entre les deux tours de la présidentielle, sur France 2, il déclare : « La présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive. Si je suis élu, les troupes françaises quitteront l’Afghanistan ». Puis en novembre 2007, au cours de sa visite à Washington, il affirme: « la France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu’il le faudra, car ce qui est en cause dans ce pays, c’est l’avenir de nos valeurs et celui de l’Alliance Atlantique ».
Du retrait au renfort, la France a pris un virage sur l’aile sans autre explication que la décision de son chef des armées. Tout est donc bien possible dès qu’il s’agit de propagande. Ma conviction contre cette guerre est connue. je n’y reviens pas ici. Je veux seulement poser les questions qui peuvent éclairer le moment, si elles trouvaient réponse.

D’un bobard à l’autre
Les Etats-Unis et la France sont allés « en Afghanistan pour défendre la liberté du monde » ? C’est ce que proclame Nicolas Sarkozy,le 20 août à Kaboul et le 21 août en Conseil des ministres. Personne n’a pourtant jamais démontré de lien positif entre les actes de guerre de la coalition en Afghanistan et la « liberté du monde ». Sans excès de mauvais esprit, on pourrait même aisément démontrer l’inverse, à savoir que c’est l’intensification des actes de guerre de la coalition qui nourrit le terrorisme et fait reculer la liberté.
Sarkozy n’en est pas à sa première affirmation péremptoire. Dès son discours devant la conférence des ambassadeurs le 27 août 2007, il avait affirmé que pour « prévenir une confrontation entre l’Islam et l’Occident », « notre devoir est d’accentuer nos efforts en Afghanistan ». On ne voyait pourtant pas non plus très bien le lien logique entre les deux, ni d’ailleurs quelle pouvait bien être la réalité d’une confrontation globale entre des entités aussi floues que l’ « Islam » et l’ « Occident ». Le ronflement des phrases creuses de cet acabit n’a jamais cessé pour justifier une présence militaire française dont en réalité plus personne n’énonce clairement les objectifs.
Du coup l’emphase éclate comme une bulle de savon à la première question même la plus banale. Ainsi quand le président de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale proclame que « la présence militaire française en Afghanistan est l’opération extérieure la plus décisive pour la sécurité de la France » (le 26 août à l’assemblée nationale). Faudrait-il donc en conclure que si la France ne combattait pas en Afghanistan, sa sécurité aurait gravement été compromise ? Par qui ? Comment ? Pourquoi ? Un argument massue de Bernard Kouchner tente de balayer la question : «le terrorisme qui frappe aujourd’hui à Kaboul pourrait frapper demain plus prés de chez nous ». C’est le même argumentaire qui avait été utilisé par les Américains pour justifier leur invasion de l’Afghanistan en 2001 au nom de la légitime défense suite aux attentats du 11 septembre.Nous sommes en danger? Pourquoi?
UN PASSE OBSCUR
Une bonne preuve de l’effet d’opportunité qui a été à l’origine de l’invasion militaire de l’Afghanistan est qu’elle a été préparée par les Américains et les Britanniques plusieurs mois avant le 11 septembre. Dès l’été 2001, les Américains avaient commencé à envoyer des commandos en Afghanistan et avaient pré positionné d’importantes forces en Egypte tout en déployant avec les Britanniques leurs flottes en mer d’Oman pour préparer l’invasion du pays. Les vrais motifs de l’invasion étaient donc ailleurs que dans la réplique à Oussama Ben Laden, qui n’avait d’ailleurs d’autres liens avec l’Afghanistan que de s’y être réfugié dans les montagnes.
Mais qui se souvient que le régime taliban qui gouvernait à l’époque à Kaboul avait déclaré accepter au lendemain du 11 septembre de livrer Ben Laden pour qu’il soit jugé? Peu importait alors aux Américains. Colin Powell affirme alors au monde entier que les Etats-Unis détiennent des preuves de l’implication afghane dans les attentats du 11 septembre et qu’elles seront fournies au Conseil de sécurité. Personne ne les a pourtant jamais vues. Personne ne les réclame depuis.
Ce tableau est donc couvert d’une ombre inquiétante depuis l’origine.
En effet, les Américains sont très actifs en Afghanistan et au Pakistan depuis la fin des années 1970. Ils se sont fortement appuyés sur les islamistes pour contrer l’influence soviétique dans la région. C’est eux qui ont constitué « Al-Qaïda » à l’époque pour combattre les russes. A ce titre, ils avaient directement armé les Talibans. La prise de pouvoir de ceux-ci à Kaboul en 1996 avait été soutenue par deux alliés de poids des Etats-Unis : l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Tout ce passé semble s’être évanoui des souvenirs officiels et des « argumentations » du présent. Pourquoi ?

LE PETROLE BIEN SUR
Dans cette région du monde, la succession des événements montrent que souvent les motifs d’action sentent très fortement le pétrole.
Depuis la chute de l’URSS en 1991,

les Etats-Unis font tout pour contrer l’influence russe et iranienne en Asie centrale. En particulier pour désenclaver sous leur contrôle les importantes réserves de pétrole et de gaz du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan et du Turkménistan. Les Etats-Unis conçoivent alors un projet de pipe line géant allant de la mer Caspienne jusqu’à la mer d’Oman via l’Afghanistan et le Pakistan. Pour cela ils négocient via la compagnie pétrolière californienne Unocal avec tous les pouvoirs locaux en place. A partir de janvier 2001, le vice-président Dick Cheney suit personnellement le déroulement de ces tractations qui butent sur le refus du régime taliban.
On notera que le régime taliban à peine renversé, le 27 décembre 2001, le Turkménistan, l’Afghanistan et le Pakistan signaient un accord relançant le projet de pipeline. Bush a aussitôt nommé comme émissaire spécial à Kaboul un ancien collaborateur du groupe Unocal, le diplomate Zalmay Khalizay et le président Hamid Karzaï a lui aussi été consultant du groupe pétrolier, tout comme le futur ministre afghan des Mines et de l’Industrie Mir Sediq. Cette caricature à peine croyable de main mise est une toile de fond avérée. Mais elle est toujours absente du débat sur les objectifs de guerre en Afghanistan et le bilan de la présence "occidentale". Pourquoi ?

UN BILAN ?
Officiellement, la coalition internationale (37 pays aujourd’hui) qui est intervenue derrière les Etats-Unis, d’abord sous mandat de l’ONU en 2001, puis par délégation à l’OTAN depuis 2003, ne mène pas de guerre. Elle est censée assurer la « stabilisation » et la « pacification » du pays. Avec pour la France, une prédilection théorique pour la formation de l’armée afghane et la reconstruction. Une rhétorique qui continue d’être servie par Bernard Kouchner. « Ca n’est pas une guerre, c’est une mission de paix » tonne-t-il lors de son audition à l’assemblée nationale le 26 août 2008. Pourtant la réalité militaire en Afghanistan n’a plus rien à voir avec les objectifs de départ au nom desquels des troupes françaises ont été engagées en 2001.

Le chef d’état major des armées lui-même a reconnu le 25 août que « la France conduit des actions de guerre en Afghanistan » Tout cela dans un immense gâchis technologique : les avions Mirage et Rafale stationnés à Kandahar tirent par exemple chaque mois une vingtaine de bombes à guidage laser dont le prix unitaire se situe autour de 130 000 euros, sur des cibles aussi dérisoires qu’une grotte ou une charrette supposées abrités quelques talibans. La dégradation rapide du bilan de la présence militaire de la coalition fournit une autre preuve du gouffre qui se creuse entre les objectifs affichés et la réalité. Alors que le nombre de soldats occidentaux a cru de 40 000 à plus de 60 000 le nombre de soldats tués a explosé passant de 58 en 2004 à 230 en 2007. La situation militaire ne cesse de se dégrader avec la recrudescence des attaques suicides à raison de 3 à 4 par semaine alors qu’elles étaient quasi inexistantes en 2004.
Les affrontements qui ont coûté la vie à 10 soldats français le 18 août sont très révélateurs de cette dégradation : ils ont démontré une puissance tactique et opérationnelle inédite de ce que les généraux français appellent désormais les « forces insurgées » plutôt que les « Talibans ». Ces forces ont en effet soutenu les combats pendant plusieurs heures contre les soldats français, y compris une fois des renforts parvenus sur place. Le lieu est aussi révélateur : à moins de 50 kilomètres de Kaboul, c’est-à-dire dans une zone qui n’est pas du tout réputée comme "talibane".
Tout cela indique que l’opposition armée à la coalition est manifestement en train de s’élargir dans une dynamique nationaliste que nourrit l’occupation. Est-ce étonnant ? Car afin de minimiser ces pertes au sol, la coalition intensifie les frappes aériennes dites « chirurgicales » et les vols incessants d’intimidation au dessus des villages afghans dont la population est plongée dans la terreur. La polémique enfle aussi sur les armes « sales » qu’utiliseraient les américains: munitions à uranium appauvri pour percer d’éventuels bunkers ou parois montagneuses et bombes incendiaires au phosphore qui transforment en fournaise les zones où elles sont lâchées.
Ces exactions déclenchent des rejets de masse dans la population que les Occidentaux sont censés aider. Il est frappant de voir que le vocabulaire pour nommer l’ennemi suit cette évolution.
D’abord il s’agissait de terroristes, à présent il s’agit tantôt de « rebelles » et d’autre fois « d’insurgés »…. Cela n’a pas empêché le ministre français de la défense de continuer à affirmer aux députés : « Allez dans les vallées afghanes, où vous verrez les populations qui sont heureuses que les troupes occidentales soient là » A coup sûr pas les familles des 8 000 afghans tués en 2007. Ni celles des civils tués par erreur par une frappe américaine le 22 août : un dommage collatéral que les portes parole de la coalition ont chiffré à « 5 civils tués » là où le représentant de l’ONU en a dénombré 90. Ce bilan des actions de la coalition et de la situation militaire nous ne pouvons l’établir qu’en recoupant les informations disponibles dans la presse spécialisée et sur les sites internet qui s’intéressent à la situation. Aucun gouvernement n’en produit devant ses assemblées. Pourquoi ?

LA LOI ISLAMIQUE EST TOUJOURS LA
Dans le registre des arguments de propagande, on trouve celui selon lequel « sous le régime des Talibans les droits de l’homme étaient bafoués » (Hervé Morin le 26 août 2008 à l’assemblée nationale). On pourrait lui objecter que c’est le cas de beaucoup de régimes, y compris auxquels la France vend des armes comme l’Arabie saoudite.
Mais la situation depuis la chute des Talibans s’est elle améliorée ? Plus de la moitié de la population vit dans l’extrême pauvreté : 53 % des habitants ont moins de 1 dollar par jour. L’Afghanistan est classé depuis 2004 à la 174ème place mondiale sur 178 pays pour l’indice de développement humain. Une situation à rapprocher des sommes englouties par la guerre sur place…La coalition consomme 100 millions de dollars de dépenses militaires par jour et 10 fois moins pour les dépenses civiles de reconstruction.

La condition des femmes ? Elle est officiellement meilleure en vertu d’une constitution qui garantit théoriquement l’égalité hommes-femmes. Pour autant, les femmes ne sont considérées par la même constitution que comme une minorité politique, au même titre que des groupes ethniques ou tribaux, auxquels sont réservés des quotas (25 % de femmes à l’assemblée nationale et 16 % au sénat). La même constitution écrite sous l’égide américaine confirme le pays comme république islamique, dans laquelle la base fondamentale du droit reste la charia. A tel point que la cour suprême est chargée de contrôler la conformité des lois à la loi musulmane. Ou encore que l’abandon de la religion musulmane ou la conversion à une autre religion sont toujours punis de la peine de mort.
Autant de points qui avaient été salués par l’Iran au moment de l’adoption de cette constitution par la Loya Djirga, assemblée coutumière. Car telle avait été la « Constituante » afghane ! Cette domination du religieux sur les institutions, confortée et défendue les armes à la main par nos soldats en même temps que le régime qui les assume n’est jamais évoqué ni discuté d’aucune façon. Pourquoi ?

Le retour de l’Opium
Depuis 2001, à intervalles réguliers, des conférences internationales pour l’Afghanistan permettent aux Occidentaux d’afficher de gigantesques promesses de dons pour la reconstruction. Mais sur les 25 milliards de dollars de promesses cumulées, 10 milliards n’ont jamais été versés, les Etats-Unis détenant le record de promesse non tenue (seule 45 % de l’aide américaine promise a été versée). Et encore, quand l’aide est versée, 40 % est engloutie dans sa gestion et revient donc aux pays donateurs, sous la forme de contrats de sécurité ou de services.
Le déséquilibre entre l’effort militaire et l’aide civile est donc béant : depuis 2001, 140 milliards de dollars ont déjà été dépensés sur le plan militaire et seulement 7 milliards versés pour l’aide civile ! Cela décrédibilise largement la présence « occidentale » aux yeux de la population.
Ce n’est pas tout. 7 ans d’occupation ont progressivement polarisé l’économie afghane autour des besoins des occidentaux présents qui concentrent l’essentiel des investissements, au détriment du développement économique du pays. Celui-ci ne produit plus rien d’autre que de l’opium. Alors que la production de pavot avait commencé à décliner à l’époque des Talibans, l’Afghanistan est redevenu depuis 2004 le premier producteur mondial d’opium avec 95 % de la production mondiale représentant plus de la moitié du PIB du pays. Un record historique a été atteint en 2006 avec la plus grande production d’opium jamais réalisée, encore dépassée en 2007 où l’ONU parle de « nouveau record effrayant » avec une hausse de production de 34 %.
Il faut dire que les Américains ont directement utilisé les chefs de guerre, barons de la drogue, pour reprendre les territoires contre les talibans. Ce sont ainsi dans les zones « sécurisées » par les occidentaux et les forces afghanes que la culture de drogue a explosé. Dans son rapport officiel d’étape à l’administration Bush, l’émissaire spécial américain James Dobbins affirmait ainsi en 2005 : « Les drogues sont la principale source d’argent pour financer la reconstruction, dépassant largement les aides internationales cumulées ». Alors même qu’il s’agit du principal motif d’ingérence des USA en Amérique latine, le bilan de la reprise incroyable de la culture du pavot sous les yeux des troupes américaines et de l’absence totale d’action pour l’en empêcher n’est jamais évoqué. Pourquoi ?
La vassalisation des coalisés
L’Europe fournit, à travers ses 25 Etats membres sur 27 qui sont engagés dans la coalition américaine, plus de la moitié des soldats étrangers présents en Afghanistan. Elle représente 30 % de l’aide publique mondiale versée à l’Afghanistan qui se retrouve 4ème bénéficiaire mondial de l’aide extérieure européenne derrière Turquie, l’ex Yougoslavie et le Maroc. Pourtant l’Europe n’a pris aucune initiative pour changer le cap de la présence occidentale en Afghanistan, alors même que les Etats-Unis sont entièrement dépendants des soldats européens dont le retrait rendrait le maintien américain intenable.
Alors que les Talibans avaient quasiment disparu du territoire en 2004, c’est donc la décision américaine de maintenir durablement l’occupation militaire du pays en y installant d’immenses bases qui leur a donné progressivement l’occasion de reprendre pied dans la population à partir de 2005.
Les alliés des Etats-Unis l’ont bien vu. Et la coalition elle-même a commencé à battre de l’aile fin 2007 : les Canadiens ont menacé de quitter le sud afghan, l’Italie et l’Allemagne ne maintiennent leur présence que provisoirement et au prix de débats nationaux houleux et enfin la Corée du sud se retire carrément.
De la sorte on peut dire que ceux qui font du zèle aujourd’hui sont ceux qui acceptent une véritable vassalisation à l’égard des Etats-Unis d’Amérique dans la conduite de la guerre. Ils paient, combattent et se taisent devant les décisions de leurs chefs. La demande américaine de renforts français était donc vitale pour la coalition elle-même. La réponse positive de Sarkozy a ainsi été saluée par Bush comme une « initiative majeure » et par le très conservateur premier ministre canadien Harper comme « un virage, une rupture historiques ».
Tout dans la décision française a d’ailleurs été fait pour envoyer un signal très fort d’alignement atlantiste. Dans la forme avec une première annonce par Sarkozy devant le parlement britannique. Et sur le fond puisque le nouveau bataillon français de 800 homme va soulager les Américains dans l’est afghan, qui pourront se redéployer sur le sud. Avec ce renfort, la France passe de la place de 7ème contributeur à la 4ème , quasi ex-aequo avec l’Allemagne en 3ème position.
La décision de Sarkozy conforte aussi au passage la légitimité de l’extension des missions de l’OTAN voulue par les Etats-Unis au-delà de sa vocation purement défensive, comme son intervention hors de la zone européenne. Avec désormais plus de 3 000 soldats français mobilisés sur place ou dans les pays voisins, l’Afghanistan devient la plus importante intervention française à l’étranger, devant les contingents présents au Liban, en Côte d’Ivoire ou en Ex-Yougoslavie. Le tout pour une dépense supplémentaire d’environ 150 millions d’euros par an, alors que l’enlisement du conflit afghan a déjà contribué à l’envolée des surcoûts budgétaires liés aux opérations extérieures, qui sont passés de 100 millions d’euros en 2005 à 360 millions d’euros en 2007, avec un surcoût 2008 qui devrait dépasser les 400 millions. . Et dans ce contexte, de tous côtés va l’antienne : « Cette guerre est perdue, cette guerre ne peut pas être gagnée ». A tout le moins, en réponse, devrait-il être expliquée comment elle pourrait être gagnée, en effet. Cela n’est jamais dit. Pourquoi ?

Une impasse reconnue
Les perspectives actuelles de fin du conflit sont si incertaines que le chef d’état major des armées le général Georgelin le qualifiait encore à la mi-mars de « merdier ingérable où nous n’avons aucun intérêt à nous impliquer davantage » (cité par le Canard enchaîné).

Tous les états-majors ont en effet à l’esprit le précédent de l’occupation soviétique de l’Afghanistan qui s’était soldée par un désastre et plus de 10 000 Russes tués en dépit d’une présence de 130 000 hommes pendant 10 ans. Interrogé le 26 août à l’assemblée nationale sur les échéances de l’engagement des forces françaises, Kouchner a carrément avoué : « pour combien de temps ? Personne ne le sait »
Pour rassurer l’opinion, le gouvernement insiste aussi sur « l’afghanisation du conflit » qui serait à portée de main. Ainsi, d’après Kouchner, « l’armée afghane c’est l’avenir » !
La réalité est très éloignée. Un évènement récent a fourni la preuve de la déliquescence de l’ « armée nationale afghane » : en mars 2008, le gouvernement afghan a dû lancer un mandat d’arrêt contre le chef d’état major de l’armée afghane, le général Dostom, après que celui-ci a commis diverses exactions. Loin de se soumettre au gouvernement, celui-ci s’est enfui et a rejoint son armée privée, qui était d’ailleurs une des composantes de la fameuse « armée nationale afghane ». Ancien seigneur de la guerre, ce général avait d’ailleurs été imposé par les Américains en 2003 comme vice ministre de la défense puis comme chef d’état major afghan en 2005 ! Le bilan de l’afganisation de la guerre n’est donc jamais fait. Mais on comprend cette fois ci clairement pourquoi. Cette guerre ne se fait pas « avec » les afghans mais contre eux.


REFERENDUM: BOLIVIE

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Les indigènes marchent sur le Parlement

Article publié le 14/10/2008 Dernière mise à jour le 14/10/2008 à 05:07 TU

Plusieurs milliers de partisans du président Evo Morales ont entamé une longue marche dans le village de Caracollo vers La Paz pour défendre le projet de nouvelle Constitution et réclamer la tenue d'un référendum constitutionnel sur ce projet.

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Evo Morales a rejoint les manifestants dans le village de Caracollo où débute un marathon de 200 km, pour réclamer au Congrès la convocation d'un référendum constitutionnel, rejeté par l'opposition.
(Photo : Reuters)

De notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode

« La nouvelle Constitution est extrêmement importante car elle donne les mêmes droits à tous, lance Pedro, venu de sa lointaine province pour participer à la marche. Personne n’est marginalisé. Noirs, blancs, blonds, nous sommes tous Boliviens. C’est cela que nous allons défendre. Avec une marche, et à n’importe quel coût ».

A 62 ans, ce syndicaliste n’a pas hésité à se lancer dans une éprouvante marche d’environ 200 km, sous le climat hostile de l’Altiplano bolivien à plus de 4 000 mètres d’altitude, pour rallier La Paz, siège du Parlement.

Comme lui, au moins 10 000 personnes ont répondu à l’appel des mouvements sociaux et devraient arriver sur place autour du 20 octobre prochain.

L’objectif pour la gauche au pouvoir : mettre la pression sur le Parlement pour que soit voté le référendum sur la nouvelle Constitution. Le gouvernement a en effet besoin du Sénat, où l'opposition est majoritaire, pour faire approuver le référendum. Or la droite réclame la modification de nombreux articles de la nouvelle Constitution rédigée l’an passé, notamment ceux sur la réélection présidentiel et sur l'extension maximale autorisée des propriétés foncières, ce que le gouvernement refuse.

Pression populaire

Lassés de l’attitude de l’opposition, et encouragés par le gouvernement, les mouvements sociaux ont donc décidé de se mobiliser pour sauver un projet constitutionnel qui bénéficie aux populations indigènes et défavorisées.

Peu avant de prendre la tête de la marche pour le premier kilomètre, Evo Morales a remercié ses troupes : « je veux saluer la conscience du peuple bolivien pour garantir ces transformations, au niveau économique, niveau social, au niveau culturel, a lancé sous les vivats le chef de l’Etat. Tout cela pour persuader ce petit groupe d’opposants qui de façon permanente a empêché une transformation profonde de notre pays ».

Si le Parlement viabilise le référendum constitutionnel, ce dernier pourrait être convoqué pour le début de l’année prochaine. L’opposition a cependant prévenu qu’elle ne cèderait pas à la pression populaire.

PARADOXES: LE CHILI

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Paradoxes de la dictature et de la démocratie

Eduardo Hurtado* Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer

Les cours de la Faculté de Journalisme de l’Université du Chili renferment beaucoup de paradoxes. Pendant que dans ses auditoires, on lisait des textes sur la liberté de la presse, la terreur se répandait et se respirait dans chacune de ses installations. La faculté, rouverte en septembre 1974, un an après le coup d’Etat, représentait la réalité vécue dans toutes les universités publiques où avaient frappé les putschistes.

Un an avait suffi pour fermer ses institutions académiques de grand prestige intellectuel. Surtout celles qui historiquement avaient représenté la pensée la plus progressiste en Amérique latine et avaient été le berceau des académiciens du monde entier qui venaient enseigner dans ses auditoires. Le journalisme n’avait pas été l’exception.
Les expulsions massives d’académiciens et étudiants de gauche, dans leurs doctrines et définitions les plus variées, chiliens et étrangers, avaient laissé des institutions décapitées, privées de leurs meilleurs enseignants où seuls avaient pu survivre les plus insignifiants.
La peur était vivante. Etranges personnages se faisant passer pour des étudiants que personne ne reconnaissait comme tels, s’asseyant aux cours pour observer et enregistrer les opinions qui s’y manifestaient. Même le service d’entretien était composé de ces étranges individus qui épiaient jusque dans les toilettes hommes et femmes, leurs murs, et relevaient le moindre graffiti contre la dictature

Mais le pire sans doute était la peur qui envahissait la communauté universitaire : à de nombreuses reprises, les agents des services de sécurité (DINA) de Pinochet, avaient détenu en classe, devant tous, des étudiants et parfois aussi des professeurs.

Certains d’entre eux figurent encore aujourd’hui dans les listes des « disparus » ou bien durent s’exiler après de longues condamnations dans les camps de concentration du régime. Tous ces faits ne pouvaient être dénoncés à travers les propres canaux universitaires et étaient de plus, complètement ignorés des médias de l’époque.

« Autocensure » était alors l’expression préférée et signifiait tout simplement que celui qui osait tout écart en public, terminait inexorablement dans les cachots de la dictature en qualité de prisonnier politique ou assassiné !
A cause de cela, il était donc fréquent de voir sur les journaux muraux des facultés ou dans les centres d’information, uniquement des nouvelles à propos de football universitaire ou plus triviales encore, comme des vœux d’anniversaire, vente de bicyclettes, etc.…

On proclamait donc la liberté de la presse dans les textes tout en ignorant complètement la réalité. Aucun travail d’investigation en journalisme ne pouvait se référer à la réalité chilienne. Il était courant d’investiguer sur l’histoire de l’Ethiopie d’Haïlé Sélassié, ou sur le conflit israélo-palestinien dans la perspective pro-US, etc.…

A cela il fallait ajouter un climat hautement répressif à l’Institut Pédagogique, lieu qui rassemblait le Journalisme et les facultés de Sociologie, Psychologie, Anthropologie et toutes les pédagogies, avec des règles qui interdisaient toute réunion de plus de trois personnes, car cela pouvait être considéré comme une manifestation d’opposition.

Même chose pour manger dans les réfectoires ; on ne pouvait pas mettre de livres sur la table de peur que ce soit considéré comme un acte subversif au cas où quelqu’un osait laisser subrepticement des pamphlets ou tracts dénonçant les atrocités de la dictature. Des agents en civil surveillaient les installations et souvent, à la moindre suspicion, se jetaient sur l’étudiant, le piétinant au sol, fouillant ses vêtements et sacs. Ces scènes étaient fréquentes et banales dans les patios : personne ne s’arrêtait pour les observer, c’était interdit. Il y avait d’autres normes comme par exemple : aucun cours ne pouvait avoir lieu après 16 heures. Après cette heure, le campus universitaire était complètement fermé et sous surveillance militaire.
D’hier à aujourd’hui…
Aujourd’hui, 35 ans après, bien que ceux qui les ont vécus, se souviennent de ces faits avec frissons et terreur, les avancées politiques au Chili, bien qu’importantes, comportent toujours des contradictions pour une société qui se veut démocratique.

Malgré le temps écoulé, le Chili reste un pays de grandes contradictions. Par exemple, la liberté de la presse : si pendant la dictature, la censure et la répression de la presse faisaient partie essentielle du modèle de domination, aujourd’hui les conditions quant à la diversité de pensée, pluralité et droit d’accès libre à l’information, ne sont pas tellement différentes.

Le modèle néolibéral imposé depuis la dictature, de haute concentration économique reste en vigueur dans ses principaux fondements; celui-ci a permis de substituer au niveau de la presse écrite ces deux monopoles clairement à droite qui furent complices du régime de Pinochet. S’il est vrai que rien n’empêche légalement la création de nouveaux moyens de communication, la grande majorité de ceux apparus pendant ces 18 années de démocratie ont eu la vie courte. Tous ont été étranglés économiquement. Le plus paradoxal est que même les gouvernements de coalition actuels, qui dépensent annuellement environ 60 millions de dollars en publicité d’Etat, la canalisent principalement vers ces deux monopoles, El Mercurio et La Tercera, entreprises qui bénéficient ainsi d’une manne de ressources pratiquement garanties par l’Etat et ses entreprises publiques.

La situation n’est pas différente à la télévision, les chaînes publiques sont un euphémisme vu le critère d’autofinancement, tout comme en radio où se sont créées de grandes coalitions d’entreprises. Non seulement elles contrôlent et excluent l’information qui n’est pas en accord avec leurs intérêts économiques et politiques. Mais elles choisissent aussi les informations en contradiction avec les paramètres culturels qui dominent aujourd’hui la société chilienne : l’individualisme, la mascarade et la banalisation, l’absence des grands thèmes liés à la culture, les arts, les peuples originels, etc.… Le Chili est aujourd’hui une société acritique, incapable de s’interroger sur la réalité et qui affiche le triste record de figurer parmi les dix sociétés au monde présentant la plus grande inégalité de revenus (selon les chiffres et études de divers organismes internationaux dont la Banque mondiale).

On parle de succès économiques sans mentionner la pauvreté dans ses expressions les plus variées dont la délinquance juvénile en croissance gigantesque.
On parle de revenus élevés par rapport aux pays voisins mais on ne mentionne pas les rares rentrées des plus démunis de la société et du manque d’opportunités.
On soutient qu’il existe la liberté d’entreprendre mais tous ceux qui ont essayé de nouveaux moyens de communication alternatifs succombent devant le complot des grandes entreprises payées seulement avec la publicité, complices des gouvernements qui ont opté pour la collaboration avec la droite.

Sont interdites aussi les opinions dissidentes des groupes écologistes et politiques qui s’opposent à la construction de grands barrages hydro - électriques dans la zone de Aysen, un désastre environnemental et écologique frappant l’une des grandes réserves de la biosphère chilienne en Patagonie.

La compagnie transnationale Endesa España au travers des grands publicitaires du Chili et leurs entreprises associées est sur le point d’atteindre son objectif, avec la complicité des intermédiaires de la dictature, qui bloquent habituellement toute discussion ou la réduisent à la plus simple expression.

Tout comme la transnationale canadienne Barrick, qui avec son projet Pascua Lama au nord du Chili, est sur le point de concrétiser la destruction d’un des plus anciens glaciers du monde en rasant au passage l’une des cultures précolombiennes les plus anciennes, les Diaguitas.
Le blocus de l’information touche aussi la région d’Araucanie où le peuple Mapuche souffre l’invasion, l’encerclement des compagnies forestières qui pendant la dictature se sont appropriés des milliers d’hectares appartenant à cette ethnie qui lutte aujourd’hui pour leur récupération.
Au travers de ces manifestations et rebellions face aux abus des compagnies, ces peuples sont présentés à la presse officielle comme subversifs et insoumis, leur niant toute reconnaissance dès lors qu’il s’agit de la communauté la plus pauvre du Chili, atomisée et victime de ségrégation depuis l’époque de la conquête espagnole et à qui les différents gouvernements chiliens ont toujours nié la reconnaissance de leurs droits.

Les 35 ans écoulés depuis le coup d’Etat de 1973 ont marqué plusieurs générations de Chiliens. Une de ces marques est la difficulté de vivre dans une nation où tous les citoyens puissent librement opter pour des moyens de communications diversifiés et pluriels.
Une grande tâche reste à accomplir !
__________________________
*Journaliste chilien.
Traduction : José Gregorio pour Investig’Action

EVO MORALES : BOLIVIE

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Nous avons tous gagné avec Evo Morales

Pascual Serrano Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer

Le résultat du référendum révocatoire du 10 août dernier en Bolivie, où le président Evo Morales a remporté une victoire retentissante avec plus de soixante pour cent des voix, sert encore une fois à montrer le divorce entre les citoyens de la communauté internationale et les secteurs oligarchiques du monde qui contrôlent des gouvernements et des médias.

17 Août 2008


Le principe du deux poids, deux mesures que ces derniers appliquent aux prétentions indépendantistes est évident si l’on considère que ces préfets boliviens des provinces rebelles qui font fi des institutions et de la légalité de l’État, seraient en prison s’ils étaient en Espagne et sous les bombes s’ils étaient en Géorgie. Il est curieux que les médias ne traitent avec bienveillance que ceux qui s’opposent à des gouvernements qui tiennent tête aux USA et à l’Union Européenne, comme au Tibet, au Kosovo et maintenant en Bolivie. Ainsi la BBC a qualifié de « match nul » les résultats du référendum !
Il suffit de comparer les réactions du préfet du département de Santa Cruz, Rubén Costas Aguilera, et du président Evo Morales. Alors que ce dernier annonçait « la convocation de toutes les autorités du pays pour chercher un consensus [...] dans le respect des normes et des lois », le préfet de Santa Cruz, après avoir appris les résultats du référendum, a qualifié le gouvernement d’ « insensible, totalitaire, populiste, inapte, qui empêche le développement du peuple et cherche seulement à concentrer le pouvoir et nous convertir en mendiants pour qu’on lui demande l’aumône ». Puis il a traité la démocratie bolivienne de « dictature » et a appelé « tyran » un président confirmé dans ses fonctions avec un pourcentage des voix sans précédent dans l’histoire électorale du pays. Il a annoncé la création d’une police départementale et d’un système indépendant de recouvrement des impôts, ce qui équivaut à l’appropriation des ressources et à la création de forces de sécurité subversives. Un vrai coup d’État. À Cochabamba, le préfet de l’opposition qui a perdu aussi son pari au référendum, l’ancien militaire Manfred Reyes Villa, a déclaré qu’il n’accepte pas le résultat et qu’il attend le verdict du Tribunal Constitutionnel... un tribunal qui n’existe pas actuellement. Un deuxième coup d’État.


Mais la réflexion principale que nous vient à l’esprit après ce référendum révocatoire est identique à celle que nous avions exprimé en 2004 au moment du référendum convoqué (et gagné) par Hugo Chávez au Venezuela: la certitude que seuls les gouvernements de gauche sont capables de demander aux citoyens s’ils veulent les garder au pouvoir ou les révoquer. C’est comme si ces gouvernements, péjorativement qualifiés de « populistes » quand ce n’est pas de « dictatures », étaient obligés de remettre une couche de consultations électorales pour être légitimés. Cela ne fait pas de doute : la gauche doit se soumettre à nouveau au verdict des urnes au bout de deux ans au lieu d’attendre la fin d’un mandat ; elle doit tolérer une opposition financée avec de l’argent usaméricain ; elle doit se colleter avec des entreprises multinationales qui participent au jeu politique en soutenant les secteurs néolibéraux qui leur accordent des privilèges et elle doit accepter la conspiration constante d’indépendantismes putschistes épargnés par les condamnations internationales.

Comparons un peu ces résultats avec ceux de pays où le vainqueur a été la droite économique, comme au Mexique ou au Pérou. Leur victoire électorale n’est jamais mise en question par les grands médias des pays riches et puissants malgré les irrégularités qu’il a pu y avoir lors élections, comme ce fut le cas au Mexique. Partout au monde l’opposant progressiste est disparu de l’agenda médiatique : López Obrador et Ollanta Humala n’ont pas de place dans notre presse ou notre télévision. Les mobilisations de l’opposition sont également ignorées, bien qu’elles soient fréquentes et massives dans ces pays. Voici ce que j’appelle la politique du silence à la Une: du silence pour les pays gouvernés par la droite économique pour qu’elle applique ses politiques néolibérales sans être ennuyée par des mobilisations et des protestations, évacuées des grands médias; et la Une consacrée chaque jour aux pays qui se sont donné des gouvernements progressistes, avec une image permanente de précarité, de crise et de déstabilisation.

La conclusion est claire : non seulement la gauche doit gagner des élections tous les quatre ou six ans pour gouverner, elle doit aussi se défendre des conspirations séparatistes, patronales, médiatiques et impérialistes. Et en même temps qu’elle se bat contre tous, elle doit avancer vers la consolidation d’un pouvoir qu’elle ne reçoit pas des urnes, car nous tous savons qu’être au gouvernement n’est pas la même chose qu’avoir le pouvoir.

Mais il n’y a pas que des inconvénients à cet état de fait. Les gouvernements dignes et progressistes d’Amérique Latine comptent sur un tintamarre de supporters enthousiastes dans le monde entier, car on sait très bien sur tous les continents qu’ils représentent le plus grand espoir pour affronter au pillage et à la guerre menés par les USA et leurs alliés à travers toute la planète. Dans un faubourg de New Delhi, dans un camp de réfugiés palestiniens à Gaza, dans les villages du sud de Liban, dans un centre culturel de la zone industrielle de Madrid ou dans un camp du Front Polisario en Algérie, les gens savent qui sont Evo Morales, Hugo Chávez et Fidel Castro et ils savent aussi que les luttes de ces dirigeants sont leurs propres luttes. Les kilomètres ne les séparent pas dans la poursuite d’un même rêve.


Traduit par Manuel Talens, révisé par Fausto Giudice


Source: Tlaxcala
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5694&lg=fr

tlaxcala@tlaxcala.es

MILITANTS ASSASSINES EN BOLIVIE

Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie

Comissão Pastoral da Terra Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer

La crise en Bolivie a occupé pas mal d’espace dans les médias nationaux brésiliens, surtout à cause de la possibilité d’une coupure des fournitures de gaz naturel au Brésil. Mais la situation est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît.

Il y a eu un massacre de paysans dans la province de Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou comme le relate très bien une note émise par le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia (lire ci-dessous). Le massacre est pourtant présenté par la presse comme un affrontement entre partisans du gouvernement et opposants.
Plus grave encore, les préfets de Beni, Tarija et Santa Cruz, États qui eux aussi s’opposent à Morales, chercher à imputer le massacre aux troupes de l’armée au service de Morales, comme l’a indiqué la Folha de São Paulo du samedi 13 Septembre

16 septembre 2008


Après l’assassinat d’environ 30 paysans dans la nuit de jeudi dernier, 11 septembre, sur ordre de Leopoldo Fernández, préfet de Pando, le gouvernement d’Evo Morales a décrété l’état de siège dans l’État. Entretemps, Fernández a accepté le décret qui lui a été imposé le 14 Septembre, permettant à l’armée bolivienne de pénétrer dans l’État. Selon des témoignages d’habitants de la région et de survivants de l’attaque, le préfet du Pando avait pris sous contrat des mercenaires et des narcotrafiquants du Pérou et du Brésil pour effectuer cette attaque. Fernández nie cette accusation mais admet que des groupes armés ont participé au massacre des paysans.

Le gouvernement bolivien a promis, dans la nuit de ce dimanche, de faire condamner Leopoldo Fernández à 30 ans de prison pour crimes contre l’ humanité.Le vice-Ministre de la Coordination avec les mouvements sociaux de Bolivie, Sacha Llorenti, a délcaré que ce crime ne restera pas impuni. “Je tiens à être absolument clair : cette affaire ne va pas tomber dans l’impunité, car nous allons montrer que les institutions de l’État bolivien fonctionnent et que Leopoldo Fernández aura une condamnation incompressible à 30 ans de prison pour les crimes qu’il a commis”.

Llorenti a aussi affirmé que le crime avait été prémédité et planifié, vu que les principales cibles des pistoleros étaient les dirigeants paysans et que presque tous les morts avaient été atteints à la tête et au coeur.

Leopoldo Fernández est un politicien d’extrême-droite, membre, de Podemos [“Nous pouvons”], principal parti d’opposition au gouvernement Morales, et il faisait aprte du second gouvernement du généralHugo Banzer Suárez (1997-2001).

Porvenir est une localité située à 30 km de la ville de Cobija, capitale du Département de Pando en Bolivie, l’un des cinq États qui se sont révoltés contre le gouvernement central de cette république. C’est là qu’a eu lieu, le 11 septembre, ce qui est considéré comme le pire massacre de l’ère démocratique en Bolivie. On a déjà dénombré trente paysans morts et l’on estime qu’il y a eu au moins 20 morts de plus, en plus de dizaines de blessés. Des hommes, des femmes, dont certaines enceintes, des enfants et des personnes âgées.

Voici ce qui ressort d’une série d’interviews de survivants réalisées par le réseau de radio communautaires boliviennes Red Erbol, dans la nuit du 11, cinq véhicules avec des paysans se rendaient, sans armes, à une assemblée gouvernementale convoquée par la Fédération paysanne, dans la localité de Filadelfia, par une route traversant la jungle. À 8h30 du vendredi 12, ils ont été arrrêtés à mi-parcours par un détachement de la police de l’État de Pando. « Les policiers nous ont retenus là, nous déroutant pendant environ trois heures : peu après 11 heures, ont soudain surgi des véhicules transportant de 30 à 50 paramilitaires armés de fusils, de revolvers, de fusils de chasse et de mitraillettes, et ils ont commencé à tirer sur les paysans surpris. Les policiers se sont retirés, et les paysans qui ne sont pas tombés ont tenté de fuir dans la jungle, poursuivis par les paramilitaires. Quand ceux-ci en attrapaient un, ils le dépouillaient et le tuaient de sang-froid. Certains, quoique blessés, sont parvenus à rejoindre une rivière proche et se sont jetés à l’eau. Mais les assassins continuaient à les mitrailler et beaucoup sont morts dans ces circonstances. »


Les paramilitaires, liés au préfet de l’État de Pando M. Leopoldo Fernandez et au “Comité civique” de l’État ont tué sans distinction des femmes enceintes, des personnes âgées et des enfants, selon des rapports diffusés par la radio éducative captée ici à Brasilia par internet. Les véhicules des paysans ont été brûlés et leurs affaires volées. Il n’ya eu aucune résistance de la part des paysans, qui on été pris par surprise dans cette opération. La police de l’État a assisté à tout cela sans prendre de disposition et la tuerie s’est poursuivie jusqu’à cinq heures de l’après-midi.

De nombreux corps gisent encore en pleine jungle et dans la rivière et les autorités de l’État, en rébellion contre le gouvernement central, ne permettent pas l’entrée de secours dans la zone. Des organismes appartenant à diverses institutions ont tenté de parvenir sur les lieux, mais les autorités de l’État interdisent l’accès à la zone de conflit et les empêchent d’entrer dans la ville. Beaucoup de blessés se sont rendus dans les hôpitaux, mais d’autres n’ont pas eu le courage de chercher de l’aide par crainte de mourir, car il n’existe aucune sécurité dans la ville, qui vit dans le chaos, sans forces de l’ordre, et où même les blessés continuent à subir des menaces proférées impunément, tandis que la population se terre chez elle, craignant les saccages fréquents.

Le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia se déclare solidaire des familles des victimes ; elle demande paix, justice, solidarité et dialogue en Bolivie. Il appelle tout le monde à protester contre cet acte de barbarie perpétré par les autorités du département de Pando et les groupes paramilitaires qu’elles protègent. Il exige que les autorités brésiliennes arrêtent M. Leopoldo Fernandez et toute autre personne responsable de ce crime au cas où ils entreraient dans le territoire national (brésilien), pour qu’ils puissent être jugés pour crime contre l’humanité.
Source : www.cptnacional.org.br

Traduit par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique.
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