TRADUCTION AUTOMATIQUE

LE COTE OBSCUR DU CHILI ACTUEL


LE COTE OBSCUR DU CHILI.

Par Ernesto Carmona*,

InvestigAction, le 06 septembre 2008

Qu'est-ce qui a changé au Chili depuis que le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende a été abattu ?

35 ans se sont écoulés, dont 17 ans de dictature militaire et 18 ans de "transition à la démocratie", conduite par une coalition appelée Concertation des Partis pour la Démocratie, constituée des partis Socialistes, Chrétien Démocrate et Pour la Démocratie ainsi que d'autres partis mineurs comme le parti Radical.

La première observation est que la "transition" a duré déjà plus longtemps que la dictature. Mais les conditions de vie du peuple ont dramatiquement empiré depuis l'époque d'Allende. Et il y a peu de possibilités de protester.

Aujourd'hui, il existe une démocratie perverse et formelle qui limite l'accès des pauvres à la politique et exclut toutes formes de participation de la minorité communiste et d'autres groupes de gauche. Un système binominal d'élections a été précisément créé pour que deux grands blocs, la droite et la Concertation, se relaient perpétuellement au pouvoir, comme cela se passe avec les démocrates et les républicains aux Etats-Unis.

La fin de la dictature n'a pas été uniquement le résultat de la lutte du peuple, qui a généreusement apporté son sang. Elle a été favorisée, d’une part par ceux qui, aujourd'hui, gouvernent le pays, mais également par un accord politique qui a prévalu et qui a été poussé par les mêmes acteurs internationaux à l’origine de la chute de Salvador Allende. C'est-à-dire les Etats-Unis, la CIA, l'Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID), le Fond National pour la Démocratie (en anglais le sigle est NED). Et les grandes corporations transnationales dont les affaires relatives à l’exploitation des ressources naturelles vont nettement mieux depuis ces 18 dernières années, d’après tous les indicateurs. Les secteurs, parmi beaucoup d'autres qui produisent les plus grands bénéfices du capital local et international sont :

- le travail des mines de cuivre, à 70 % privé,

- l'industrie de la cellulose qui est extraite des bois du territoire indigène.

Nouvelle droite «progressiste»

La dictature reste présente, mais sous une autre apparence, dans le modèle à succès de "développement démocratique" dont pâtit le Chili, mais qui est exporté comme image enviable vers d'autres pays.

(…)

Pendant ces 18 années de "transition à la démocratie", la Concertation s'est convertie en une néo-droite, avec une teinte socialiste et sociale chrétienne. Comme cela s’est produit avec les partis "progressistes" d’Europe et d’ailleurs, où la démocratie sociale a imité la démocratie chrétienne comme nouvelle expression rénovée de la droite traditionnelle.

Le socialisme d'aujourd'hui n'est pas le même que celui de l’époque d'Allende. Le parti du président immolé, qui prétendait réaliser des réformes sociales, retourne en arrière en suivant le chemin suivi par ses collègues socialistes d'Espagne et de France, les travaillistes du Royaume-Uni, le parti "trabalhista" du Brésil et tant d’autres.

(…)

Une nouvelle classe politique d’apparence "démocratique et progressiste" s'est incrustée dans la superstructure du pouvoir de l'État pour administrer la spoliation du peuple chilien et de ses ressources naturelles avec une plus grande "efficacité" que les militaires. Et avec peu de réclamations de la part des travailleurs grâce au contrôle de la Concertation sur la Centrale Unique de Travailleurs (CUT). Cette classe politique a aussi mis en place un processus de corruption, aux dépens des fonds publics, sans précédent dans l'histoire politique républicaine du pays.

Les rebelles sont jeunes

(...)

Lorsque quelques syndicats, qui ne sont pas sous le contrôle de la Concertation, et certains secteurs de la société chilienne manifestent leur mécontentement du nouveau modèle politique et économique qui favorise les riches, ils sont brutalement réprimés par le gouvernement dit "socialiste", au nom du système sacré légal, hérité de la dictature, qui garantit la spoliation néolibérale.

Les plus affectés ont été les syndicats de travailleurs employés dans la sous-traitance, ou de «troisième» catégorie avec un emploi précaire et flexible, les étudiants et l'ethnie Mapuche (Indiens du sud du Chili), dont le territoire reste occupé militairement depuis des années, sans rien à envier à la situation palestinienne.

Comme Israël, le Chili ne fait aucun cas des recommandations des organisations de droits de l’homme des Nations Unies. La région Mapuche, avec des habitants d’une pauvreté extrême perpétuelle, est un territoire occupé par les Carabineros (police militarisée chilienne) et dans un état de siège permanent, tandis que ses terres sont exploitées par les industriels du bois des groupes économiques les plus riches du Chili.

Le gouvernement de la socialiste Michèle Bachelet a choisi le chemin de la répression, avec jusqu’à 1.500 arrestations d’étudiants en juillet 2008. La police militarisée des Carabineros exerce une brutalité sans borne, même lors d’arrestations régulières ordonnées par un tribunal. Le décès d’un chef policier dans un accident aérien au Panamá, alors qu'il partait faire du shopping avec sa famille et des parents, a été élevé au rang de tragédie nationale par le gouvernement et les médias, avec deuil officiel et un gaspillage de propagande qui a élevé le défunt au rang de saint.

Le rôle des médias

Tout cela arrive alors qu'il existe une criminalisation croissante de la protestation civile, qui a commencé par

L’intégralité :

InvestigAction

* Ernesto Carmona, est conseiller national du Collège des Journalistes du Chili; le Secrétaire exécutif de la Commission Investigatrice d'Attentats aux Journalistes (CIAP) de la Fédération Latino-américaine de Journalistes (FELAP) et membre du mouvement Axis for Peace.